Le crâne restera visible 

Le crâne désormais visible restera pendant trois ans dans le couvent les dominicains avant de retourner aux Jacobins. Il transitera également dans différents couvents et monastères de l’Ordre, notamment chez les religieuses cloîtrées. « Le nouveau reliquaire devrait permettre une vénération des reliques plus incarnée », se réjouit le frère Marie-Arnaud. Invitant à distinguer l’adoration –due à Dieu seul– et la vénération des reliques, il rappelle cependant l’importance de ce geste dans la tradition chrétienne. « Saint Thomas lui-même en parle et nous invite à y voir un signe d’espérance, puisqu’il s’agit du corps d’un saint qui a vécu de la charité du Christ et destiné à résurrection de la chair. » 

 

Les dominicains de la province de Toulouse ont la mission particulière d’être gardiens des reliques de saint Thomas d’Aquin. Sur ordre du pape Urbain V, le crâne et la majeure partie de son corps avaient été déposés au couvent des Jacobins en 1369. Lors de la Révolution française elles ont été mises à l’abri à la basilique Saint-Sernin avant que l’église des Jacobins ne soit profanée. Les reliques n’y ont retrouvé leur place qu’en 1974.

LA RELIQUE SORTIE POUR LA PREMIERE FOIS
DEPUIS DES ANNEES

Moment très émouvant pour tous les frères, la relique a été sortie pour la première fois depuis 1974 de la boîte scellée où elle était conservée, pour être placée dans un nouveau reliquaire vitré conçu spécialement par l’artiste Augustin Frison-Roche. « Un frère m’a confié qu’il avait versé quelques larmes ! », rapporte le frère Marie-Arnaud.  Il faut dire qu’accueillir le crâne de l’un des plus importants penseurs du catholicisme a quelque-chose de très symbolique pour ces frères qui s’appuient encore des siècles plus tard sur son héritage philosophique et théologique.

 

« Saint Thomas est pour nous un exemple intellectuel, mais aussi un frère et un ami qui nous accompagne dans notre prédication, notre manière de penser, y compris avec modernité, explique le frère Marie-Arnaud. Son héritage est vivant, nous ne sommes pas seulement des archéologues de la pensée thomiste. Il nous donne encore aujourd’hui des clés pour penser la morale, la politique, échanges interreligieux, l’art…»